C'est la belle histoire d'un petit marseillais de la Belle-de-Mai. La première fois qu'il a, selon son expression, ouvert les yeux "sur quelque chose du monde du spectacle", c'était en 1955. Il avait trois ans et battait des pieds et des poings dans la salle du Giptys parce que la projection de "Peter Pan" venait de se terminer. Depuis ce moment-là, Gilbert Rouit a la conviction que dans la vie, si l'on fait confiance à ses rêves, ils se réalisent un jour. Et Gilbert, la tête dans les étoiles, en avait beaucoup. Par exemple, celui de rencontrer Buffalo Bill ! "J'ai toujours pensé qu'il y avait un lien particulier entre moi et la figure mythique de la conquête de l'Ouest."
Le premier indice, lui a été donné dès l'enfance : une photo de sa mère posant devant la tombe de William Cody aux États-Unis. Quelques années plus tard, c'est avec son père, employé à la compagnie générale des transatlantiques, qu'il fait par quatre fois la traversée à bord du France pour rallier New York. "Le France mettait trois heures pour atteindre le quai, j'avais 17 ans, ce sont des moments forts." Il passera quelques semaines aux États-Unis chez "de la famille" et reviendra à Marseille quelques mois plus tard avec lui aussi sa photo devant la tombe du fameux cow-boy.
De ces voyages initiatiques, Gilbert va en garder une sensibilité musicale particulière pour le rock, la country, la soul
Il s'improvisera même tourneur de groupe américain sur la Canebière. "Il y avait les navires de la flotte US qui venait se ravitailler dans le port dans les années soixante-dix. Je côtoyais les G.I. qui voulaient jouer leur musique et cherchaient des lieux." Avec eux et beaucoup d'autres grands noms de la scène croisés à Marseille, Gilbert va se faire une oreille musicale et un solide carnet d'adresses. Mais quel rapport entre un Marseillais de la Belle-de-Mai, Peter Pan, Buffalo Bill, la musique et Disneyland ? Tout simplement, une belle histoire.
Début des années quatre-vingt, toujours dans la musique, Gilbert décide de faire le grand saut et tente l'aventure à Paris. Il sera manager de groupes, directeur de la revue "Country Musik USA", conférencier pour les Jeunesses Musicales de France jusqu'à devenir un des grands spécialistes de la musique made in USA. Gilbert Rouit se voit alors proposer juste avant l'ouverture du parc l'organisation de plusieurs événements jusqu'à la préparation musicale du grand happening en juin 1991. "Je me revois encore avec cette émotion forte, ce moment magique au pied du château. Il y avait un marching band de 450 musiciens et un feu d'artifice comme je n'en avais jamais vu. À ce moment-là, j'étais Peter Pan."
Voilà pour le premier rêve. Et Buffalo Bill, alors ? On y vient. Comme chez Disney, tout est magique, le vice-président du parc lui confie le scénario
du Wild Show Buffalo Bill. "Le rêve était bouclé ! Je suis allé aux États-Unis pour organiser le show et faire venir de vrais cow-boys." Aujourd'hui, dans le monde féerique de Disneyland Paris, Gilbert Rouit est ce que l'on appelle un "creative entertainment". En clair, Gilbert a en charge la programmation musicale du Disney Village et l'organisation de spectacles-événements. Mais Gilbert n'en oublie pas sa terre natale. Il porte autour du cou une croix de Camargue. Cette Camargue qui avait accueilli le cirque de son héros de légende et ses Indiens.
source : laprovence.com